Bretagne: un robot unique en France trait les vaches dans le pré
Des vaches broutent paisiblement dans un pré avant de se présenter, une fois les mamelles bien remplies, à un robot de traite installé à plusieurs kilomètres de l’étable: la ferme expérimentale bretonne de Trévarez est la première en France à disposer d’un tel système de traite en plein champs.
« L’herbe pâturée présente le coût de production le plus bas », explique à l’AFP Pascal Le Coeur, directeur de cette ferme laitière située à Saint-Goazec (Finistère), comparant l’herbe fraîche à l’ensilage de maïs, d’herbe ou au foin.
Or, les exploitations ne disposent pas toujours de champs à proximité immédiate du lieu de traite, d’où l’idée des Chambres d’agriculture de Bretagne de lancer ce projet de robot mobile.
En 2013, 45% des nouvelles installations de traite en France étaient des robots fixes installés dans des bâtiments, une tendance qui répond à l’amélioration des conditions de travail souhaitée par les éleveurs. Cependant, sachant que l’accès au robot doit être permanent, les allers-retours entre l’étable et les près sont souvent compliqués du fait notamment des chemins et routes à traverser pour le troupeau.
« Quand un robot entre dans une exploitation, les éleveurs ont tendance à garder davantage les vaches à l’étable et à utiliser moins les pâturages », assure Pascal Le Coeur.
Monté sur un châssis de bétaillère, le robot de traite mobile peut être emmené au plus près des champs, ce qui permet aux vaches de s’y rendre seules via un système de chemins balisés.
– « Bluffé » –
« La vache a une capacité d’adaptation extrêmement importante et elle comprend très vite le chemin qu’elle doit suivre », assure le directeur de la ferme expérimentale. « C’est magique de voir les meneuses du troupeau prendre le chemin de la traite, parce qu’elles savent que quand elles y seront passées elles pourront aller vers un nouveau paddock d’herbe fraîche », s’enthousiasme-t-il.
Bardé de haute technologie, le robot est notamment capable de repérer les vaches qui voudraient se faire traire plus de deux fois par jour afin d’avoir la petite ration de céréales prévue à ce moment-là: un jet d’air envoyé sur le dos les invite à passer leur chemin. Celles qui en revanche tentent de quitter l’enclos sans s’être allégées de leur lait sont confrontées à des portes closes.
« La vache qui veut feinter ne peut pas le faire! », s’amuse Pascal Le Coeur, assurant que le système est prévu pour fonctionner en toute autonomie. Ainsi, les données recueillies par le robot sur la quantité de lait fournie ou le nombre de passages sont consultables à distance via une connexion internet.
« J’ai été bluffé de voir que concrètement ça marche », témoigne Hervé Corre, un des premiers éleveurs à avoir assisté cette semaine à une présentation du dispositif appelé à être commercialisé à court terme.
« Ca paraît accessible, économiquement et socialement », ajoute ce propriétaire de 70 vaches installé à Plouvien (Finistère), reconnaissant travailler « encore un peu comme (s)on père », à savoir « beaucoup ».
Le robot de traite mobile, qui comprends également une remorque où se trouve le réservoir nécessaire à la conservation du lait, a un surcoût de 90.000 euros par rapport à un robot fixe.
« On a un investissement de départ, mais on n’a pas de coût de fonctionnement », assure Pascal Le Coeur, indiquant que l’objectif du dispositif est d’encourager le pâturage, pour une réduction des coûts de production, mais aussi pour des raisons environnementales.
« Les vaches épandent le lisier dans le champ, ça coûte aussi moins cher, c’est aussi moins de gaz à effet de serre, moins d’utilisation de fioul, moins de tracteurs, donc globalement c’est bon pour la planète », vante M. Le Coeur.
© 2014 AFP