L’Europe organise une consultation publique sur le déclin des pollinisateurs
La commission européenne organise une consultation publique qui interroge les citoyens, éclairés ou pas, sur les actions à mettre en place pour lutter contre le déclin des pollinisateurs.
Depuis le 11 janvier 2018, la commission européenne a mis en ligne un questionnaire sur les initiatives à instaurer face au déclin des abeilles et autres pollinisateurs.
L’appel est lancé aux scientifiques, aux agriculteurs, aux industriels, aux organisations environnementales, aux autorités publiques ainsi qu’aux citoyens.
Phil Hogan, le commissaire européen à l’agriculture et au développement rural explique : « les pollinisateurs sont trop importants pour la sécurité alimentaire, et pour les agriculteurs, de même que pour la planète. On ne peut pas se permettre de continuer à les perdre. »
En 2016, un groupe d’experts mandatés par l’organisation des Nations-Unis (ONU) et réunis au sein de la plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), avait déjà tiré la sonnette d’alarme, en montrant que la perte des pollinisateurs (en quantité et en diversité) représentait une menace pour les sociétés humaines.
Un rapport de plus de 800 pages avait révélé que 16,5% des pollinisateurs vertébrés et jusqu’à 30% des espèces insulaires étaient menacés d’extinction au niveau mondial, avec des niveaux élevés de menace sur certaines espèces d’abeilles et de papillons. De plus, selon l’étude, l’homme devenait de plus en plus tributaire de la pollinisation. En témoignait l’augmentation de la production des cultures dépendant des pollinisateurs (fruits et légumes) de 300% en volume au cours des cinq dernières décennies. Au total, c’était entre 5 et 8% du volume de la production agricole mondiale actuelle (soit entre 350 et 577 milliards de dollars en 2015) qui dépendaient directement de la pollinisation. Les aliments concernés contribuant fortement à l’apport en micronutriments indispensables pour la santé humaine comme la vitamine A, le fer et le folate. Parmi les mesures préconisées : le passage à une agriculture plus durable, la lutte contre la simplification des paysages agricoles, la diminution de l’utilisation des pesticides via la gestion intégrée des ravageurs, la formation des agriculteurs, le développement de l’agriculture biologique et l’instauration de politiques visant à enrayer leur usage.
Selon l’organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), environ 80% des espèces de plantes à fleurs sont pollinisées par des animaux, mammifères et vertébrés, mais surtout par des insectes. De plus, 35% de la production végétale mondiale dépend des pollinisateurs, ces derniers permettant une hausse de la productivité de 87 des principales cultures vivrières de la planète.
En France, une évaluation du service de pollinisation a été conduite, dans le cadre de l’EFESE (évaluation française des écosystèmes et des services écosystémiques). Le rapport, publié en novembre 2016, montre que la part de la production végétale destinée à l’alimentation humaine imputable aux insectes pollinisateurs était estimée entre 2,3 et 5,3 milliards d’euros (2010), soit entre 5,2 et 12 % de la valeur totale de ces productions. Cette dépendance concerne surtout les cultures fruitières et légumières.
Le questionnaire est accessible en ligne jusqu’au 5 avril.
Source : LE POINT VETERINAIRE